
Conseil Départementale de l’Education Nationale
19 septembre 2022 – Evry – Assemblée Départementale – Salle des Séances
M. le Préfet,
M. le Directeur Académique,
M. et Mmes les élu.e.s
M. et Mmes les représentant.e.s des syndicats enseignants,
M. et Mmes les représentant.e.s des associations de parents d’élèves,
Avant d’aborder la question des moyens dans les établissements, les représentants de parents de l’association CAPE 91 souhaitent mettre la lumière la problématique lourde de cette rentrée, la question des transports scolaires, qui sont une partie intégrante des moyens mis à dispositions par les pouvoirs publics pour que les élèves puissent rejoindre leurs établissements et rentrer chez eux. A l’image de la dégradation des transports publics (j’ai mis 1h48 pour rejoindre les Ulis depuis le plateau de Saclay en bus), ce qui nous remonte de presque tous les établissements du secondaire, n’a jamais été aussi catastrophique en matière de transport scolaire dans l’Essonne.
Il ne s’agit plus de problématiques de qualité de services, comme des retards ponctuels, des trajets trop longs, des lignes inadaptées… il s’agit désormais, d’élèves qui, par milliers, ne peuvent plus rejoindre leurs établissements scolaires, arriver à l’heure avant le début de leur enseignement, ou rentrer chez eux en fin de journée.
De nombreux élus territoriaux, à l’image de M. Bournat, maire de Gif sur Yvette, ou M. De Lasteyrie président de la communauté d’agglomération Paris Saclay, ont récemment tapé du poing sur la table, mais il est important de rappeler que ce sont eux qui décident majoritairement de déléguer la gestion des services publics de transport aux entreprises privées, que ce sont eux qui choisissent les entreprises délégataires, que ce sont eux qui ont la responsabilité de dimensionner correctement le service au besoin, que ce sont eux qui ont la responsabilité de faire respecter les engagements contractuels de ces entreprises privées.
Toutes les problématiques actuelles découlent de plusieurs causes. D’abord ce mode de gestion par délégation au privé, ensuite d’un nombre d’acteurs trop importants, enfin d’une compétence transport confiée à la Région, trop éloignée du besoin, et pour qui visiblement ni le transport public quotidien, ni le transport scolaire ne semble être des priorités, sauf à construire des lignes de métro lourdes à coup de dizaine de milliards, qui ne seront utilisables au mieux dans 5 ans, et qui ne répondent pas au besoin d’un fort maillage territorial.
Les problèmes sont connus, mais l’idéologie dominante refuse d’admettre les éléments factuels suivants :
– la délégation au privé tire les salaires vers le bas, augmente la précarité, aboutit à des conditions de travail insupportables pour tenir l’objectif de rentabilité. Sa conséquence est une démission et une désaffection massive des conducteurs et conductrices de bus.
– la délégation rend toute flexibilité impossible, du fait d’un mode de gestion contractuel lourd, pour réagir à des fermetures ou ouvertures d’établissement et donc des réaffectations massives d’élèves, pour faire évoluer les trajets, ou la fréquence en fonction du besoin…
– la délégation au privée nécessité d’importants moyens humains pourtant presque inexistants, pour s’assurer que le service délégué au privé en bien rendu, et imposer un rapport de force sur le délégataire si nécessaire.
– les changements de délégataires sont toujours accompagnées de perturbations durables des transports publics comme scolaires.
Dans ce contexte, l’incurie des pouvoirs publics est désormais manifeste, et plus aucun parent ne peut encore entendre les excuses habituelles sur la complexité du nombre d’acteurs, sur le fait que l’Éducation Nationale n’y peut rien, sur le fait que cette compétence n’appartient ni aux communes, ni aux agglomérations, ni au département, mais à la région, qu’il ne faut cependant pas se tourner vers la région, mais vers Ile de France Mobilité…On en peut plus de ces réponses… Plus rien de fonctionne correctement, quand ça fonctionne, et tous les acteurs se renvoient la balle. Personne, ni les élus, ni les responsables à l’échelle de l’État comme des collectivités territoriales, n’a les compétences pour résoudre les innombrables problèmes rencontrés par les usagers.
Et malgré cet effondrement de la qualité de services en matière de transports scolaires, les pouvoirs publics se permettent de continuer à faire payer 350 euros de carte Navigo pour les lycéens, la moitié, ce qui est encore trop pour un collégien, alors que le dérèglement climatique impose désormais la gratuité pour promouvoir les transports. A la place, compte tenu de ces dysfonctionnements chroniques, nombreux sont les parents à être désormais contraints de reprendre leur voiture pour ceux qui le peuvent.
Devra-t-on finir par en appeler à l’armée pour emmener les élèves à l’école comme des maires de communes d’Alsace, ou comme dans l’Aveyron, laisser l’autogestion aux parents contraints d’emmener les élèves au collège dans des bétaillères ?
Nous demandons donc, et nous comptons sur vous tous pour relayer ce message au niveau supérieur : la seule porte de sortie est de remettre tout à plat au niveau des transports scolaires, en matière de mode de gestion, en confiant cette gestion à un seul acteur public proche du terrain, pour répondre à ce besoin élémentaire de nos élèves :
– Avoir des transports publics pour rejoindre leur établissement scolaire,
– Avoir suffisamment de place pour rentrer dans les bus,
– Arriver avant l’heure des cours,
– Être sûrs de rentrer à la maison après les cours.
