Sauver le plus de vies possibles. Tel est l’objectif que nous partageons tous depuis le début de cette crise sanitaire.
Dans ce contexte, nous prenons acte de la décision du gouvernement de fermer de nouveau toutes les écoles et d’appliquer un confinement, avec l’impact que cela suppose sur nos vies, le pays étant de nouveau acculé face à une épidémie qui progresse fortement et pour la troisième fois. Ceci n’est que la conséquence inévitable de la pénurie chronique de vaccins sur le terrain, du manque de moyens et de soignants à l’hôpital depuis le début du confinement, qui est aussi le fruit d’une politique longue et systématique de destruction de l’hôpital et de la recherche publique.
Dans cette situation, nous le redisons, le confinement ne peut être que le dernier recours pour endiguer cette épidémie et sauver des vies. Mais les efforts ne peuvent être exclusivement demandés aux citoyens à bout devant des mesures, perçues comme inefficaces, et pour une bonne partie d’entre elles incohérentes ou à géométrie variable, voire liberticides.
- Prévoir le recrutement et la formation de dizaines de milliers d’enseignants et d’enseignantes dès la rentrée prochaine pour limiter le nombres d’élèves dans les classes, et pour accompagner les dédoublements et les remplacements. En période normale, des classes à plus de 30 sont inacceptables, en période de COVID, c’est de la mise en danger de la vie d’autrui. Cela passe par une loi qui impose à l’Etat de limiter le nombre d’élèves par classe à 24 maximum ;
- Recruter des dizaines de milliers d’adultes comme assistants et assistantes d’éducation, animateurs et animatrices, ATSEM, AESH, pour accompagner les temps méridien du repas, et les activités périscolaires en petits groupes. Des milliers d’étudiants et étudiantes n’attendent que d’avoir un travail qui leur permettrait de sortir d’un état financier déplorable faute de job étudiants dans les entreprises ;
- Recruter des dizaines de milliers d’agents et agentes de nettoyage, de maintenance et d’entretien dans les établissements, pour assurer la sécurité et la propreté. La politique de la pénurie de fonctionnaires pour imposer les délégations de services publics au privé, inefficaces, couteuses et et vecteur de précarité doit se terminer. L’état des établissements, et des toilettes dans la majorité des établissements scolaires est un scandale déjà en temps normal, et constitue une mise en danger de la vie des élèves, des enseignants et de leur famille en période sanitaire ;
- Appliquer un protocole sanitaire cohérent avec l’état des connaissances scientifiques, à savoir qu’une grande majorité des contaminations s’effectuent par aérosol. Dans ce contexte, les masques de type FFP2, les seuls adaptés pour protéger individuellement contre les aérosols, doivent être préconisés, et délivrés gratuitement et en quantité suffisante dans tous les lieux de travail aux élèves comme aux personnels ;
- Reconnaitre les cours à distance comme du véritable télétravail au sens du droit du travail, dans l’Education Nationale comme dans l’Enseignement Supérieur, pour obliger comme dans toutes les entreprises privées, l’employeur à fournir le matériel nécessaire pour travailler et faire la classe à distance, en lieu et place d’une prime modique et insuffisante de 150 euros ;
- Appliquer une vraie transparence dans l’application des protocoles, des tests et de la communication des chiffres de contaminations, avec un véritable échange avec les parents d’élèves au lieu de les exclure toujours plus loin de l’école.
Depuis le début, nous, associations de parents d’élèves, répétons que la place des enfants est à l’école et que tout éloignement même temporaire a des conséquences catastrophiques sur leurs apprentissages, et même leur santé, comme cela a été souligné par la société française de pédiatrie. Nous avons attiré l’attention sur l’urgence de mettre en place un certains nombre de mesures nécessaires qui auraient du être appliquées dès le mois de mars 2020, financées par des moyens massifs dans les établissements scolaires pour accompagner cette crise sanitaire. Nous exigeons que ces mesures soient appliquées immédiatement pour accompagner ce confinement, si nous partageons effectivement l’objectif de sauver des vies.
Ces mesures sont possibles, et finançables. Les centaines de milliards d’euros nécessaires ont pu être débloqués dans l’urgence pour les banques ou les entreprises, et pour le chômage partiel. On aurait pu en faire au moins un peu pour l’éducation. Comment comprendre qu’à contrario, le Ministère de l’Éducation Nationale a sous dépensé 200 millions d’euros en 2020 ? L’Ecole Publique déjà très fragilisée par le manque de moyens et les réformes successives, ne peut plus rester le parent pauvre de l’accompagnement de cette crise sans précédent. Il en va de l’avenir de nos jeunes et de nos enfants. La situation est particulièrement dramatique pour les lycéens, pour la plupart en demi-groupe depuis la moitié de l’année scolaire, avec une fractuire numérique qui a alimenté les inégalités, une impréparation génératrice d’angoisse, et un diplôme dévalorisé.
Enfin, il y aura beaucoup à faire pour ramener les enfants et les familles, grands exclus de toutes les prises de décisions, vers l’Ecole. La coopération entre tous les acteurs de la co-éducation est un facteur fondamental de réussite et sera indispensable pour sortir de cette crise.
Le Conseil d’Administration de CAPE91
