Déclaration liminaire du CDEN du 08/02/2021de CAPE 91

M. le Préfet, 

M. le Directeur Académique, 

M. et Mmes les élu.e.s

M. et Mmes les représentant.e.s des syndicats enseignants, 

M. et Mmes les représentant.e.s des associations de parents d’élèves, 

Cela va bientôt faire un an que nos établissements scolaires ont basculé dans un nouveau monde fait d’incertitudes, de tâtonnements, et de fonctionnements dégradés qui avaient vocation à rester temporaires mais s’inscriront manifestement dans la durée. Pendant ce temps, l’école publique qui se doit d’offrir les mêmes chances à tous les élèves se révèle source de nouvelles inégalités.

Tous les sujets sont traités dans l’urgence : nouvelles modalités sanitaires, cours en distanciel, modification des épreuves du baccalauréat, confinement ou non confinement… nous sommes balancés d’une annonce à l’autre mais dans tout cela on peine à voir une réflexion globale et dans la durée des conséquences pour nos enfants, et des solutions à long terme.

  • Quelles conséquences du port du masque pour les jeunes enfants pendant 1 mois, 2 mois, 1 an ? pour leur santé et leurs apprentissages ?
  • Quelles conséquences pour nos lycéens que cette année sacrifiée entre cours en distanciel, pratiques hétérogènes entre les lycées, angoisse d’être pénalisés dans leurs études supérieures ?
  • Quelles conséquences pour tous les enfants qui auront été éloignés trop longtemps de l’école, de leurs enseignants, sans toujours avoir le soutien familial nécessaire, voire pire ?

Nous subissons les mesures actuelles parce qu’il le faut bien, mais l’Education Nationale se doit d’anticiper dès maintenant l’immense travail qu’il restera à faire pour ramener tous ces jeunes vers les apprentissages, corriger les inégalités qui se seront renforcées, et imaginer sur le long terme comment accueillir dans des conditions dignes les élèves malgré le contexte épidémique.

Nous aurions espéré un sursaut, la mise à disposition de moyens exceptionnels, plus d’enseignants, plus d’encadrants. Nous aurions pu espérer qu’à la rentrée, pour marquer un grand coup et s’assurer que tous les élèves pourraient recevoir toute l’attention de leurs enseignants, les classes seraient enfin limitées à 24 élèves en primaire et même, rêvons, au collège ou lycée. Nous aurions pu espérer une dotation horaire additionnelle pour les collèges afin de donner du temps aux rattrapages après un an de cours en pointillés.

Mais les espoirs sont déçus et cette année encore la répartition des moyens en primaire et secondaire relève de la gestion habituelle de la pénurie. Bien sûr la pénurie est répartie de manière sûrement équitable. Mais les classes à 24 élèves maximum en CP attendront encore, tandis que les classes de maternelle à 30 élèves ont encore de beaux jours devant elles. Il faudra encore probablement attendre quelques temps pour les remplacements, on répartira les élèves entre les classes pour bien les brasser, ou on demandera aux parents de les garder un peu, après tout ils n’ont qu’à télétravailler.

Concernant les lycées, on ne peut que constater que cette année sera vraiment sacrifiée pour les élèves. La suppression des épreuves de spécialités en Mars était nécessaire, trop d’élèves n’auraient manifestement pas eu un niveau de préparation suffisant et ces épreuves rapprochées avec Parcoursup étaient source d’angoisses supplémentaires. Mais remplacer les épreuves par du contrôle continu met à mal le baccalauréat comme diplôme national et égalitaire. Cette année plus que les autres, entre certains établissements qui ont pu et fait le choix de garder les cours au maximum en présentiel, et ceux où les élèves ont du être en autonomie 50% de leur temps, le lycée est devenu un creuset de nouvelles inégalités. 

Dans ce contexte, l’ouverture d’un nouveau lycée sur le plateau de Saclay pose de nombreuses questions sur un possible renforcement de ces inégalités. Cette ouverture serait en soi une bonne nouvelle compte tenu du manque de places offertes par les lycées de notre département. Toutefois, l’ouverture de ses 6 premières classes à la rentrée 2021 s’accompagne de la fermeture de classe de secondes dans 6 lycées des environs, et le bassin de recrutement du nouveau lycée ne semble pas correspondre aux secteurs des lycées touchées par les fermetures de classe. On peut donc craindre que l’ouverture de ce lycée déstabilise l’ensemble des établissements des environs. Jusqu’ici, les parents d’élèves n’ont que très peu été associés aux réflexions, et nous demandons à connaitre l’ensemble du projet incluant l’étude impact sur les établissements voisins, ainsi que les mesures prévues pour éviter une chute de la mixité sociale et du niveau des élèves dans ces établissements.

Nous concluons en adressant nos remerciements aux enseignants de l’Education Nationale qui restent mobilisés pour continuer à accompagner leurs élèves, dans des situations que nous savons très difficiles, ainsi qu’aux personnels administratifs et techniques qui sont eux aussi en première ligne face aux contraintes sanitaires.

Lucie Salvaudon, présidente de CAPE91

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